Une page de l’abbé LEGROS

La section modéliste de l’AeroClub, une longue histoire……

par l’Abbé F LEGROS

La section aéromodélisme de l’Aéro-Club du Limousin est sans doute l’une des plus anciennes de France. Elle a en effet été créée en 1936 … il y aura bientôt 50 ans ; Dès le début, sous l’impulsion du Président de l’Aéro-club Monsieur Edmond Charles LAVAUZELLE, elle fait preuve d’une vitalité prometteuse. C’est ainsi qu’en avril 1937 déjà une soixantaine de jeunes sous la conduite de messieurs CAILLAUD et PAQUIER s’initient à la construction de maquettes et de petits avions pouvant voler.

Les travaux ont lieu dans une salle ouverte en permanence dans les locaux de l’Aéro-club. Déjà construire un modèle réduit ne consiste pas à réaliser un appareil fantaisiste mais bien au contraire, à calculer l’influence du centrage, l’effet du couple gyroscopique de l’hélice, l’action des gouvernes, notions alors toutes nouvelles mais indispensables pour qui veut s’adonner à la pratique du vol à voile ou de l’avion.

Il s’agissait surtout d’avions à moteur caoutchouc et de planeurs largués avec un petit treuil. Cependant les moteurs à essence n’allaient pas tarder à faire leur apparition : le moteur Sablier pesant 522 grammes commence à se répandre. L’Aéro-club du Limousin, quant à lui, commande en janvier 1938 un moteur américain de 7 cm3, confié aux plus chevronnés, tout fiers de faire voler un motomodèle, chose si rare à cette époque.

C’est le 6 mars 1938 que l’Aéro-club organise à l’aéroport (de FEYTIAT) son premier concours de modèles réduits. Devant le succès de ce concours il est décidé de recommencer le 3 avril. De nombreux modélistes ayant répondu à l’appel de l’aéro-club on pouvait admirer une importante escadrille de plus de quarante petits avions de toutes formes. Malheureusement une pluie très dense et un vent violent obligent les organisateurs à remettre cette manifestation à plus tard. Elle a lieu enfin le 22 mai et malgré un temps maussade remporte un remarquable succès auprès des jeunes aéromodélistes et des fervents de l’aviation. Fernand PRADEAU enlève de haute lutte la victoire devant André FURELAUD, et établit du même coup le premier record du Limousin avec un appareil qui tient l’air pendant une minute trente sept secondes. Dans le palmarès on relève les noms de plusieurs concurrents qui pratiquent encore le modélisme au sein du club ou se sont orientés vers le vol à voile ou le vol moteur. Ce sont des cadets ou des juniors !
Les mois suivants voient nos jeunes modélistes participer à des concours à Vichy, Clermont, Chalais, etc… et y glaner de nombreux succès.
Le 26 mars 1939 un concours organisé sur le terrain de LIMOGES-FEYTIAT pour les seuls membres de l’aéro-club ne compte pas moins de cinquante deux participants. La section Aéromodélisme est bien partie…

Hélas, en septembre de cette même année c’est la guerre. Que va-t-il se passer ? Le terrain de LIMOGES-FEYTIAT est vite fermé à la circulation aérienne, certes, mais le malheur des uns faisant le bonheur des autres il est à la disposition des modélistes qui ne ralentissent pas leur activité : moniteur permanent (beaucoup se souviennent encore de Mr BREUIL), salle de construction, salle de cours. Les démonstrations et concours sont nombreux. Du fait de la pénurie des matériaux il faut cependant faire preuve d’imagination et d’habilité. En particulier il est très difficile de trouver du caoutchouc : c’est le temps des planeurs ! L’un des membres du club, le jeune André FURELAUD fut à cette époque l’un des meilleurs modélistes Français, avant de subir les affres de la déportation. Les jeunes constructeurs se déplaçaient aussi pou concourir à la Banne d’ordanche, Clermont, Vichy, la Montagne Noire etc… au cours d’interminables voyages en train. Ils y croyaient !
Puis vint la libération et la reprise de la fabrication des moteurs à explosion. En particulier des moteurs français à auto allumage. C’est l’age d’or du motomodèle et du vol circulaire. Ce dernier étant alors beaucoup pratiqué au Champ de Juillet. Les concours inter-clubs, qui n’ont pas cessé, se développent de plus en plus avec la réapparition des automobiles rendant les déplacements plus aisés.
Vers 1949 sous la houlette de François DACCORD « le vol libre » fait une nouvelle perçée. Les aides de l’état, spécialement en matériaux de construction, sont relativement importantes, ce qui permet de construire à moindres frais. Beaucoup de jeunes sont attirés par ce sport de grand air qui plus est un passe temps agréable et intelligent, et dont le caractère éducatif est indéniable, à tel point que des sous-sections sont créées, telles celle de l’Ecole Nationale Professionnelle ou celle de l’Ecole Ozanam. Les succès ne tardent pas à suivre les efforts. C’est ainsi qu’en 1956, par exemple trois Limousins sont sélectionnés pour participer au Championnat de France, l’un d’eux enlevant une brillante troisième place, et qu’en 1958 l’Aéro-Club du Limousin est classé troisième club de France.
Depuis quelques temps la radiocommande faisait son apparition en France. C’est à Georges QUEYROI que revient de lui avoir donné une impulsion décisive en Limousin. Si les débuts furent « sanglants », les émetteurs ou récepteurs radio n’étant pas encore bien fiables ce qui entraînait de nombreux crash ou de pertes d’avions n’obéissant plus aux ordres, la persévérance devait être récompensée.

En 1965 la section Aéromodéliste de l’Aéro-club du Limousin était chargée par la Fédération Française d’Aéromodélisme de préparer le Championnat de France de radiocommande. Ce fut un immense succès. Beaucoup de Limougeauds ont alors découvert ce qu’est la radiocommande avec son coté spectaculaire, certes, mais aussi ses exigences : qualités de patience, de maîtrise de soi, de discipline, d’habilité… C’est également à partir de cette date que la section aéromodéliste compte parmi ses membres un juge national de voltige pour avions et planeurs radiocommandés. Signalons aussi qu’en 1969 Jean-François MARTIN s’attribuait le titre de vice-champion de France en série 2.

Parallèlement à cette extension des vols radiocommandés les amateurs de vol libre ou de vol circulaire continuaient à s’adonner à leur passe-temps favori, s’entrainant sur le terrain de FEYTIAT, pour aller se mesurer avec les meilleurs des clubs voisins. Presque chaque année un ou plusieurs Limousins étaient sélectionnés pour les championnats de France et revenaient très honorablement classés, tel le jeune Alain BAUDOU qui en 1974 était deuxième des cadets en catégorie planeurs.

Il ne faut pas manquer de rappeler aussi les nombreuses expositions organisées par nos modélistes pendant cette période, tant dans les locaux du club, qu’en ville ou dans les communes voisines. Expositions ayant toujours remporté le succès qu’elles méritaient, permettant à un grand nombre de personnes d’admirer de nombreux planeurs, avions, hélicoptères même, postes de radio etc…. et de se documenter sur la pratique de l’aéromodélisme.
La construction et le pilotage d’un hélicoptère modèle réduit présentent de grandes difficultés techniques et ce n’est qu’assez récemment que des modélistes acharnés ont réussi à les mettre au point. Bien entendu l’aéro-club du Limousin ne s’est pas laissé distancer dans cette recherche et cette réalisation.
Mais vint 1975. Il faut quitter le terrain de FEYTIAT, et l’on n’est pas admis sur celui de BELLEGARDE, bien que l’aéromodélisme ne soit pas une activité parasite et dangereuse. Or construire c’est bien, mais il faut évidemment pouvoir faire voler les appareils. On voit alors les dirigeants de l’aéro-club battre la campagne pour trouver une plate-forme d’évolutions convenable. Après quelques essais infructueux on découvre, enfin, aux CADOPHIES commune de PEYRILHAC ( près de SAINT-GENCE ), non pas la perle, mais le terrain suffisant pour la pratique du vol circulaire et du vol radiocommandé, dont les principaux inconvénients sont l’éloignement et l’exiguïté : le vol libre devient le parent pauvre. Mais il ne faut jamais désespérer. Ne doutons pas que les modélistes de 1978 aient hérité de la foi et de l’ardeur de leurs prédécesseurs des quarante dernières années. Nous pouvons leur faire confiance.

Par l’abbé François LEGROS
Ancien Président de la section aéromodélisme
Article de 1978